Magazine Monsieur | Les nouveaux raffinements masculins | Interview

Olivier Parent a été interviewé par Hélène Claudel, du magazine Monsieur, pour apporter une dimension prospective au dossier du mois de décembre : Les nouveaux raffinements masculins.

« (…) Le prospectiviste Olivier Parent va plus loin. Selon lui, le « soft power » nippon, par le biais de sa « pop culture », pourrait expliquer en partie ces nouveaux comportements en Occident, surtout auprès des jeunes. « Depuis 20 ans, les mangas, que ce soit sous forme de BD, dessins animés ou jeux vidéo, sont devenus une culture majeure dans nos sociétés. N’importe quel homme qui est en âge de s’habiller est sous influence.

Or dans cette culture asiatique, le masculin n’a pas à être rugueux. Ce n’est pas parce qu’on est samouraï qu’on va se priver de soins du corps ou de se maquiller. » Les analyses qui tentent d’expliquer le phénomène ne manquent pas : libération des mœurs, phénomène « me too » etc. Certains y voient aussi une certaine réaction contre l’ordre social établi. « Dans le métro, il y avait cet homme de 25 ans, beau et ténébreux, très masculin, ajoute Olivier Parent. Sa tenue était sobre, élégante mais ses ongles très apprêtés, taillés en pointe, avec des bagues à chaque doigt. Il semblait dire, “je porte ça et je vous emmerde” ».

Pour le spécialiste, il y a sans aucun doute un côté « punk » à adopter ces codes féminins. « Une envie d’aller à l’encontre du “mainstream” et des bourgeois, alors qu’il n’y a plus de transgression aujourd’hui. Le rock’n roll, les tatouages, les piercings sont tombés aux mains du plus grand nombre. » Le rapport « homme/ femme » et la volonté de s’en extraire seraient aussi une des principales raisons de cette confusion des genres. « Désormais, l’homme n’a plus besoin de se définir en tant que géniteur, il est libéré de cet impératif, ajoute encore le sociologue prospectiviste. Si bien qu’il s’autorise à revendiquer de nouvelles sensibilités, de nouveaux codes. » Cette « hybridation » serait donc le reflet d’une époque qui ne se cherche plus dans l’opposition « fille/garçon » mais dans l’affirmation de soi (…) »