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LES MÉDIAS ONT LONGTEMPS DÉSIGNÉ LES MOYENS PERMETTANT LA DIFFUSION D’UNE INFORMATION.
ILS SONT DÉSORMAIS DES PROLONGEMENTS TECHNOLOGIQUES DE NOS SENS. AUJOURD’HUI, IL FAUT COMPRENDRE CETTE AFFIRMATION AUSSI BIEN AU PROPRE QU’AU FIGURÉ.
Avec plus de soixante ans de retard, la récente sortie du dernier film Marilyn Monroe est dans la droite ligne de la nouvelle compréhension des médias. Le tournage de “Something’s got to give”, réalisé par George Cukor, avait été interrompu en 1962 par le suicide de la star. Et pourtant, nous avons enfin tous pu la voir sous toutes les coutures et découvrir l’ensemble de l’intrigue de cette comédie hollywoodienne typique de la moitié du vingtième siècle.
Cette performance posthume a été rendue possible grâce aux dernières générations d’Intelligences Artificielles Limitées, appelées LAI (Limited Artificial Intelligence, prononcez “laï”. Notez l’homonymie avec “lie”, “mensonge” en anglais…). À l’origine, ces acteurs virtuels sont conçus pour interagir avec des acteurs humains. Pour finir “Something’s got to give”, des LAI particulières ont été programmées autour des personnalités des principaux acteurs : Marilyn Monroe, Dean Martin et Cyd Charisse. Chacune de ces intelligences artificielles spécialisées a été «nourrie» de l’ensemble des images et de toutes les informations que l’on possède sur ces stars. Les Intelligence Artificielles s’en sont servies pour apprendre à agir à la manière de leurs défunts originaux. Sur un plan plus cinématographique, la réalisation contemporaine du film s’est appuyée sur les notes laissées par George Cukor. Du tournage original restait une trentaine de minutes utilisables. Elles ont été « retournées » afin que l’ensemble du film soit accessible au Virturama : “Grâce à mes lunettes de projection ou grâce à mes divers implants, lorsque je bouge la tête, je vois l’action qui se déroule au-delà du champ initialement proposé”. C’est ainsi que l’on peut désormais nager avec Marilyn dans sa piscine du début des années soixante, et l’admirer dans son plus simple appareil…
Les technologies multi-focus ou “multi-points de vue”, si elles apportent une nouvelle dimension au 7ème Art, Elles ont d’abord été développées pour les jeux. Elles sont une telle révolution qu’on a du mal, aujourd’hui, à envisager la projection d’un film ou à jouer avec une console sur écran plat et sans interactivité spatiale.
Ce petit rappel permet de faire apparaître un comportement tout à fait contemporain : l’homme moderne ne semble avoir accès aux médias que bardé de tout un attirail d’appareillages, extensions physiques ou cognitives de ses propres sens. Vous êtes, nous sommes, la troisième génération pour laquelle les technologies de l’information et de la communication sont de l’ordre de l’inné. On disait de la première généra- tion qu’elle était née une souris à la main… C’est bien plus qu’une télécommande avec laquelle nous vivons quotidiennement.
Cette évolution concerne tous les médias. Dans le cas d’Internet, cette gigantesque base de données n’a été, dès l’origine, qu’un champ de bruit où il était impossible de trouver quelque chose sans savoir ce que l’on cherche…
En plus de l’apprentissage nécessaire, il fallait les bons outils de collecte. Le français, au début du siècle, avait trouvé une belle alternative à l’anglicisme “to browse” avec le mot “butiner”… Mais le champ n’a cessé de croître. Il est vite devenu infini, au-delà nos capacités de butineuses humaines… Nos navigateurs Internet ont appris à se brancher à des moteurs de recherche…
Aujourd’hui, nous utilisons tous, peut-être sans même le savoir, des ARI, des Agents de Réseaux Intelligents. Qu’ils soient affiliés à un gros moteur de recherche ou indépendants, utilisant des fonctions de méta-moteur, nos ARI sont devenus nos clones sur le web, comme le sont les LAI pour les acteurs au cinéma. Mais là, pas de contraintes, bien au contraire. Chaque requête, chaque lecture, chaque pause de notre regard sur une partie ou une autre d’une image renseigne le ARI. Plus nous l’utilisons, mieux il nous connaît. Si le champ de connaissance d’un LAI peut être restreint à un acteur, notre ARI grandit avec nous… En matière d’information, il nous propose les nouvelles qui nous satisferont au mieux! La manière de présenter une revue de presse tient compte de cette recherche de satisfaction…
Vous êtes-vous déjà demandé si ce que vous regardiez dans un film, ou si ce que vous cherchiez sur Internet était vraiment une information objective ou bien une simple auto-phagocytation de vos propres choix, de vos propres goûts ?
Si la modernité nous promet une satiété permanente, n’est-ce pas un acquis qui se serait fait au détriment d’une des richesses originelles de l’Internet : la créativité et la joie de la sérendipité ?
Il semblerait que plus le temps passe, moins l’individu se confronte à une forme de risque : je regarde ce qui me plaît, je trouve ce qui m’intéresse, l’information, au sens large du terme, qui m’est présentée est celle que j’attends… Caricatural ? C’est à voir…
Aujourd’hui, tout est digital. A l’évidence, cette dématérialisation a permis l’augmentation de la qualité des moyens de transmission de cette information. de l’information. Le média devient total grâce au numérique. Et, au cours de ces décennies passées, l’individu a reçu cette même information dans des environnements de plus en plus intimes : la salle de cinéma communautaire de nos grands-parents, par exemple, a subi une forte concurrence des « home cinéma», puis vinrent les lunettes de projection vidéo…
Pour finir, nous nous faisons implanter, aujourd’hui, des projecteurs cochléaires qui affichent l’image directement sur notre rétine et l’image de n’importe quelle source peut être superposée ou remplacer ce qui se présente à notre regard. Demain, on nous annonce un “branchement” direct sur le nerf optique… Or, ce qui vient d’être décrit est la diminution, et bientôt l’annulation de la distance, tant physique que psychologique, entre le média et le sujet. À ces technologies, on peut ajouter les émulations sensorielles et autres combinaisons immersives qui participent à la réduction de ces distances…
Cette réduction drastique de la distance qui sépare le média du spectateur pose la question de la mesure d’une autre distance : celle qui sépare la réalité de la fiction. En d’autres termes, chaque individu ne doit-il pas s’interroger sur le sens de la réalité quand les médias se superposent à cette réalité et annulent toute distance critique entre lui-même et l’information reçue ? À chacun de tenter d’y répondre
26/03/2063 : 100 de la publication de “Pour Comprendre Les Médias” de McLuhan
L’année prochaine sera l’occasion de célébrer le centenaire de la publication du livre “Pour comprendre les médias : les prolongements technologiques de l’homme” du canadien Marshall McLuhan. Cette année, 2064, sera aussi l’occasion de se pencher sur les médias de notre siècle, ces outils, ces extensions de nos sens qui, selon l’approche mac-luhanienne, nous permettent d’influer sur notre environnement. Aujourd’hui, si nos jeux sont immersifs, si nos distractions sont “totales”, si nos informations sont (…)
Lire dans la Revue d’INfluencia>>> Nous sommes en 2080 et le tourbillon du Djeuneer semble tout emporter sur son passage ! Que ce soit dans le monde du travail ou la sphère privée, tous nous vivons, parfois sans le savoir, sous l’influence de ce néologisme…
Contraction de l’argot djeun’s et de l’anglais engineer, ce terme, issu de la rue des années 2040, rend compte d’une forme moderne de l’accélération de l’allongement de l’espérance de vie. Il décrit cette jeunesse qui se maintient grâce aux moyens technologiques les plus en pointe. Vivre djeuneer pourrait se résumer ainsi : agir selon l’âge de ses prothèses…
À la fin du XXe siècle, dans les pays auto-proclamés industrialisés, l’allongement de la durée de vie – conséquence de l’amélioration globale des conditions de vie des générations précédentes – a alimenté bien des débats. On peut évoquer celui sur le coût de la dépendance en fin de vie ou celui sur la durée du temps de travail nécessaire à l’obtention des pleins droits à la retraite…
80 ans plus tard, l’âge moyen des actifs en Europe ferait grincer des dents des syndicalistes du tournant du millénaire : 86 ans ! Il faut cependant mettre cet âge en perspective avec les améliorations et les conforts apportés par les dernières avancées médicales, que l’on parle de prothèses biomécaniques ou de traitements issus du génie génétique.
LA GÉRONTOLOGIE : UNE DISCIPLINE D’AVENIR
Ces améliorations ont radicalement changé le regard que la société porte sur le vieillissement. Une discipline médicale, la gérontologie, s’est vue totalement re-configurée avec la généralisation de nouvelles thérapeutiques et greffes qui, à chaque traitement, offrent aux patients un nouveau confort. Pour ne pas parler de nouvelle jeunesse, le corps médical s’est prêté au jeu des néologismes : il parle de « traitement djeuneer » et la gériatrie n’a jamais été autant une discipline d’avenir !
Du bloc opératoire à la rue, il ne s’est guère écoulé de temps pour que ces améliorations deviennent indispensables à nos contemporains. Mais elles valent tellement cher que peu d’entre nous s’arrêtent de travailler à 72 ans, dernière limite légale pour une accession à une retraite complète, l’état européen ne pourvoyant qu’à une portion congrue du coût de ces prothèses et soins génétiques. Les dernières grandes négociations concernant l’âge légal de la retraite datent de 2033. Ce temps semble tellement lointain qu’il n’est d’ailleurs pas rare de voir la retraite être assimilée à des reliquats d’un XXe siècle arriéré, d’avant l’ère moderne.
DES OPPORTUNITÉS COMMERCIALES
Vivre djeuneer semble offrir à la société, au sens le plus large, de nombreuses opportunités qui se traduisent vite en termes commerciaux : au delà du développement et de la distribution très rentable de prothèses et traitements djeuneers, l’allongement de la durée de vie de la population a augmenté d’autant le nombre des consommateurs. Aujourd’hui, ce consommateur, fort de sa santé gonflée à coup de testostérone technologique, consomme des loisirs (virtuels), achète des meubles (domotiques), renouvèle son cyberpet – son terminal communicant – au même rythme que sa garde-robe (intelligente)…
LA DJEUNEERATION, SYNONYME DE QUALITÉ PROFESSIONNELLE
Alors, dans l’entreprise, plus question d’être mis au placard : l’expérience professionnelle n’a jamais tant eu de valeur que de nos jours ! La djeuneeration, la génération djeuneer, a remplacé celle des quadras et quinquas qui avaient peur de perdre leur poste au profit de jeunes diplômés. La djeuneeration est devenue synonyme de qualité professionnelle.
ELLE INFLUENCE AUSSI LA SPHÈRE PRIVÉE
Que dire des repas de famille au cours desquels il n’est pas rare de voir quatre, si ce n’est cinq générations se côtoyer ? Au delà des festivités, la famille s’agrandit naturellement, abritant sous un même toit un nombre toujours plus grand de générations. Les traitements djeuneers et les assistances robotiques ayant libéré les jeunes générations de la charge des soins auprès des générations vieillissantes, les cohabitations transgénérationnelles qui, au XXe siècle, avaient disparu réapparaissent dans la société moderne.
UNE SEXUALITÉ LUDIQUE
Cette nouvelle famille pour autant n’explose pas en nombre. Libérée, au cours du XXe siècle, de l’obligation de procréation en vue du renouvellement des générations, elle donne naissance à des fratries de moins en moins nombreuses… Ces mêmes nouvelles générations, elles aussi affranchies de la tyrannie générationelle, n’ont de cesse d’expérimenter une sexualité ludique, sous toutes les formes possibles et imaginables, sans tabou : chaque expérience correspond à un moment ou à une évolution naturelle. Chaque individu reste libre de se fixer le temps qu’il souhaite dans telle ou telle sexualité, quitte à ne plus en bouger.
L’ENDOGAMIE FAMILIALE
Au sein de cette famille reconfigurée par la génération djeuneer, d’autres comportements sont apparus. Moins anticipés, ils sont néanmoins une réalité quotidienne pour nombreux de foyer, en Europe. C’est par exemple l’endogamie familiale, c’est à dire les unions contractées au sein de familles recomposées. Naturellement, de cette néo-endogamie naissent des enfants issus de parents qui, sans être frères et sœurs d’un même sang, ont néanmoins grandi sous un même toit et s’aiment d’un amour légitime. Le djeuneer a tellement influencé notre monde que l’interdit de l’inceste, plus vraiment légitime dans le cas d’une famille recomposée, semble être tombé sans qu’on y prenne garde !
Il n’est pas inutile de rapprocher ces unions de ce qu’on appelait, au début du XXIe siècle, en France, le syndrome Tanguy : terme péjoratif, il décrivait ces jeunes gens qui avaient du mal à quitter le foyer parental pour autant des raisons économiques que psychologiques, comme une réponse instinctive à la continuelle accélération de la mobilité du monde. Ceux qui furent les « Tanguy », montrés du doigt, sont aujourd’hui membres à part entière de la famille djeuneer.
UN MOUVEMENT SOCIÉTAL
Le mouvement djeuneer influence de nombreux aspects de notre quotidien. Il va bien au-delà de la simple mode, ou de la simple posture contextuelle et commerciale. Dépassant le « vivre selon l’âge de ses prothèses », le djeuneer c’est surtout pour chacun la chance de voir sa vie active être prolongée de plusieurs décennies, avec une qualité de vie telle que la société humaine n’a jamais su le proposer.
C’est un mouvement sociétal issu de la rencontre entre certaines promesses tenues par les Sciences – cela n’a pas toujours été le cas ! – et des contorsions d’une société bien vivante qui sait intégrer – phagocyter, pourrait-on dire – des comportements qui n’étaient, il y a peu, que des signaux faibles.
Le djeuneer ne serait-il pas un nouvel avatar de notre société, cet étrange animal qui évolue au gré de lois qui, sans être darwiniennes, n’en sont pas moins réelles ?.
A n’en pas douter : les restaurants de la chaîne Maya’s Food se sont donnés les moyens de se faire connaitre. Ces derniers mois, les médias ont complaisamment relayés une belle campagne de pub qui présentait un concept alléchant : restauration, librairie, fleuriste et cyberbar. Maya’s Food c’est un seul lieu mais une foison de services tournés vers le plaisir des sens et la communication (au sens large du terme…). Mais les services proposés ne s’arrêtent pas à ces seuls aspects… Dans l’esprit d’un hédonisme renouvelé, la chaîne de boutiques Maya’s Food propose à ses clients des menus personnalisés. Par là, entendez bien une personnalisation comme jamais on ne vous l’a proposé : au moment où vous prenez place, avant même de commander quelques consommation que ce soit, un bref questionnaire vous accueil à votre table. Il se fini par la proposition d’une analyse métabolique et phénotypique.
Pardon ?
Vous avez bien lu. Ce que les syndicats et autres associations pourchassent dans les entreprises pour protéger le droit à l’anonymat des employés (FuturHebdo : Espionnage industrio-privé), ces restaurants en ont fait un argument de vente : “Laissez-nous voir, au plus profond de vous-même, qui vous êtes… Et, on vous nourrira de la meilleure façon qui soit !
Soit. Il est en effet tentant de se dire, en ces temps de crises sanitaires chroniques, diverses et variées, qu’une alimentation personnalisée et bénéfique (nutrition, purgation, stimulation, énergétisation…) ne peut pas faire de mal… Reste, qu’une question n’a pas encore trouvée de réponse : que font les services informatiques de Maya’s Food de toutes les données récoltées sur les clients qui défilent dans les fauteuils des restaurants de la désormais célèbre chaîne.
La DSI de Maya’s Food garantit le plus total des anonymats et la non-corrélation entre un profil génétique et l’identité du client au nom du secret médical : le système d’analyse de Maya’s Food est piloté par un comité d’éthique qui rassemblent, entre autres, plusieurs médecins.
Faut-il les croire ? La EEDPC (successeur européen de la CNIL française, voir FuturHebdo : Protection individuelle) s’est penchée sur le cas de cette base de données jugée critique. A ce jour, elle n’a rien trouvé à redire. Il n’en reste pas moins que la tentation pourrait être grande, pour un gouvernement, pour un assureur… Pour un groupe marchand… de mettre la main sur un tel trésor… La tentation pourrait être tout simplement trop grande pour Maya’s Food : s’empêchera-t-elle toujours de commercialiser sa base de données de profils génétiques, corrélés ou non aux identités. En leur temps, des entreprises comme Facebook passèrent le pas sans hésiter… Il est vrai que les données vendues au début du siècle par certains réseaux sociaux pourraient passer pour anodines en comparaison avec des millions de profils génétiques d’êtres humains ! Sous le prétexte de la jouissance, le danger serait grand de voir la liberté de chacun encore un peu plus amputée, en premier lieu pour les clients de Maya’s Food…
Encore une fois, c’est le client qui est appelé à agir grâce à son pouvoir d’achat qui devient aussi tranchant qu’un bulletin de vote exprimé !
Depuis peu, une nouvelle société surfe sur la mode de la continuité, voire de l’éternité. Une mode directement inspirée du clonage des animaux de compagnie. Pour un coût modique, Eternity Gift On Line met à disposition du grand public la plus grande banque de données au monde d’objets réplicables de la période pré-nanoT. Il s’agit de meubles ou de décorations mais les réplications peuvent aussi être fonctionnelles lorsqu’elles disposent d’un mécanisme. Dans un monde où tout est «réplicable» à l’identique, ce qui va donner à un objet sa dimension luxueuse peut être un caractère de rareté. Parce que façonné par un savoir faire ou par une technique qui ne produisent jamais deux fois la même chose, un objet devient définitivement unique. Il engendre une possession exacerbée…
COPIE CARBONE DELICTUEUSE
Les brocanteurs joignent leurs voix à celle de l’industrie du luxe pour crier au scandale ! De nombreux professionnels du secteur viennent grossir les rangs de ceux qui ne voient dans la réplication 3D qu’une pratique éhontée du plagiat transformé en industrie lucrative. Tous tentent de faire valoir leurs droits. Ces réplications accessibles au plus grand nombre ne font qu’inquiéter un peu plus les marchands d’art et le monde du luxe:tous redoutent un raz de marée d’objets Rep’nT (réplication nanotechnologique) qui nivellerait le marché vers le bas…
Se défendant de jouer les Cassandre, ils promettent, à terme, l’effondrement des marchés conjoints de l’art et du luxe et posent une question:«Qu’est-ce qui différenciera, à l’œil nu, un objet Rep’nT de son original?». Afin d’apaiser les esprits et pour se conserver la sympathie du public, EGOL s’est engagé à ajouter à chaque objet répliqué par ses soins une puce RFID. Celle-ci identifiera aisément un objet Rep’nT.
L’ETERNITE AU POIGNET
Aune époque où la miniaturisation est reine, la montre-bracelet reste un objet à la mode
et s’affiche à nouveau aux poignets. Elle est mécanique, à remontoir ou automatique. Elle présente un cadran simple ou affiche plusieurs informations. La trotteuse devient indispensable et le fait main de rigueur… Ce fruit d’un travail manuel expert s’est également vu doter d’un des derniers avatars de la technologie. Dans le boîtier de la montre est logé un discret dispositif. Une
fois activé, il suffit d’une légère rotation de la bague chronomètre. Cette rotation enclenche un dispositif empêchant la lecture de la puce d’identification RFID présente dans le quotidien des consommateurs. Les RFID humaines permettent de déverrouiller les portes des voitures, des appartements, de désactiver les sécurités des ordinateurs. Elles donnent accès aux délices de la société de ludoconsommation… jusqu’au moment où l’on souhaite ne plus être «lu» ou «suivi»! Et le bel objet fait redécouvrir le goût de l’anonymat, chose rare au point de devenir une nouvelle forme de luxe !
MORPHINGS SOUS-CUTANES
Le tatouage devient évolutif et vit sa révolution technologique avec l’arrivée des encres de la nanotechnologie.Divers paramètres sont pris en compte dans cette illusion de vie mise en œuvre par des nanorobots chromofères (du grec chromo, couleur et du latin fero, porter), ce qui
donne à ce tatouage-morphingun nouveau moyen d’expression pour le tatoueur mêlant l’art du dessin, la nanotechnologie et l’organisme du tatoué.
Le tatouage réagit au passage d’une autre personne grâce à l’adrénaline, l’endorphine et autres phéromones… Toutes ces substances que sécrète notre corps au long de la journée deviennent des partitions qu’interprètent des armées de robots microscopiques. Quand aux modifications de programme que peut apporter le porteur du tatouage, elles sont des nuances issues de son humeur festive, belliqueuse, séductrice, voire érotique… La palette de création est infinie. Les néotatoueurs garantissent que jamais le même motif ne se retrouvera sur deux personnes.
Dernière qualité de ces encres:elles sont effaçables. Plus précisément, quand le client se lasse de son tatouage, deux solutions s’offrent à lui : après envoi d’un code, laisser faire la nature qui éliminera les chromofères nanoT ou bien utiliser un code inhibiteur qui donne l’ordre aux chromofères de devenir invisibles… jusqu’à la prochaine activation…
L’INTIMITE DU BIJOU
Pour la première fois au monde, le bijoutier Boucherelles & Cliffs propose à sa clientèle des bijoux symbiotiques. Des pièces uniques impossible à repliquer… Le marketing les appelle «bijoux vivants», d’autres parlent de «parasites», inquiets par cette nouvelle mode technologique proche d’une forme d’hybridation humaine.
Dans un premier temps, le futur client de Boucherelles & Cliffs fournit un échantillon biologique. Les laboratoires du joaillier en extraient l’ADN. Sur cette base biochimique, une pierre artificielle mais unique est construite, atome après atome (de carbone plus quelques autres pour les couleurs et autres qualités esthétiques). L’originalité de la démarche de l’orfèvre de la place Vendôme tient en la manière selon laquelle Boucherelles & Cliffs interprète l’information brute de l’ADN de chacun de ses clients.
Il a fallu développer un logiciel qui transpose un code génétique en données physico-chimiques qui décrit les qualités gemmologiques de la pierre. Chaque gène humain vient influencer sur la couleur, la structure cristalline, l’indice de réfraction et bien d’autres critères… Chaque pierre ainsi générée est unique, comme l’est le donneur de la séquence génétique.
La pierre est ensuite montée sur un brochage hightech symbiotique:plongeant dans les tissus du client, il assure son alimentation énergétique par induction cellulaire. En quelques jours, le bijou effectue sa «nidification» et se met à «vivre» et scintille en fonction des humeurs de la personne qui le porte.
Préserver ce qui fait la richesse de notre monde est une évidence. Et peut-être encore plus depuis le début du XXIe siècle.
Mais certains n’ont pas attendu. En effet, depuis plusieurs décennies, «L’Arche du Spitzberg »
rassemble les patrimoines génétiques des formes de vie de notre planète, «Les Volontaires des Îles de la Biodiversité » s’engagent à préserver les dernières terres sauvages. De son côté, « Le Champ Zoo-Ethnographique Virtuel » recompose une gigantesque simulation de notre planète dans laquelle vivent ou revivent des animaux aussi bien que des sociétés disparues…
Des programmes hyper spécialisés, très sérieux, nécessaires et aux bénéfices incontestables. Mais qui doivent être mis, désormais, à la portée du grand public… sous forme de « Sanctuaires du Monde ». Selon leurs promoteurs, qui assurent ne pas vouloir entrer en concurrence avec les initiatives déjà existantes, ces endroits proposeront
«une expérience intime et unique. Ils mettront en œuvre l’excellence humaine mise au service
de la lutte pour la préservation des écosystèmes en perdition! ». Un pitch en trois lignes éclairé par de splendides simulations qui grâce à la réalité virtuelle en immersion, sont très abouties. Comme celle-ci où le visiteur se promène dans un Eden virtuel permettant le plein épanouissement à toutes sortes de formes de vie dans des environnements paradisiaques…
Un engagement plus que séduisant! Mais, quand à grand renfort de plans de communication, de nouveaux acteurs annoncent vouloir prendre part à ce vaste chantier de préservation, et qui plus est, à l’aide de capitaux exclusivement privés, on ne peut que s’interroger sur la finalité de l’entreprise. Pourtant leurs arguments semblent porter leurs fruits, car, déjà, des projets très concrets, sont sur le point de sortir de terre, au cœur de nombreuses mégapoles de la planète.
Alors, un peu comme les zoos invitant les peuples occidentaux du XIXe siècle, à découvrir un exotisme inespéré, ces Sanctuaires promettent d’offrir aux terriens contemporains ou futurs, un échantillon précieux de ce que le monde était avant de tomber dans son actuelle décrépitude. Avec, par exemple, les baignades dans les eaux bleues des lagons aujourd’hui révolues, les banquises où l’on se mirait désormais en pleine fonte. Ou encore les forêts immenses dans lesquelles on s’égarait maintenant rasées.Baptisés Unisphères (pour univers et sphère), ces
petits bouts de paradis retrouvés et ultra modernes rassembleront, en effet, des écosystèmes reconstitués. Rayé de la surface de la terre, chacun sera choisi en fonction de son caractère exceptionnel :un lagon des Seychelles, une forêt primordiale de Bornéo, une savane Dogon, un glacier et son alpage, des palétuviers de Floride, une banquise, un haut plateau
himalayen… Leur équipement s’appuiera sur les dernières technologies ou innovations. Ainsi,
leurs parois seront réalisées en verre photo-actif qui réunit la photo-électrosynthèse, la photo-absorbtion de polluants, et la catalyse de nutriments à partir d’éléments chimiques présents dans les écosystèmes… Néanmoins, ces «Sanctuaires du Monde » ne seront pas uniquement dédiés à la faune et la flore. Question de financement! En effet, la seule volonté
de sauvegarder ce patrimoine écologique, même au nom de la culpabilité, ne suffirait pas
pour récolter les fonds nécessaires. Ainsi ces « zoos du dernier espoir » proposeront à leurs
visiteurs, accueillis comme des hôtes particuliers, d’apporter leur contribution et de jouir
des lieux d’une autre manière en résidant dans une hôtellerie de luxe tout droit sortie
d’un artisanat d’art exceptionnel et pourtant en péril. En effet, issu de multiples savoirs faire culturels, cet artisanat, véritable bien immatériel de l’humanité, ne peut survivre que si l’écosystème est sauvegardé, du fait des matériaux naturels utilisés par les artisans. Il
devient donc urgent de le sauvegarder au même titre que la biodiversité.
Qu’il s’agisse de marqueterie du bois, d’os, du travail du cuir, du fer ou de la pierre, de tissage de draperies délicates, de vannerie, de joaillerie, d’orfèvrerie, d’ébénisterie ou de menuiserie… ces établissements permettront aux artisans d’art du monde entier de produire des objets tous plus précieux les uns que les autres, tout en offrant à leur client, l’occasion rare de côtoyer des
pièces uniques et de vivre des instants exceptionnellement luxueux… pourvu que leur bourse le leur permette ! Telle est la promesse du premier «Sanctuaire du Monde » qui vient d’ouvrir ses portes à Dubaï. De son côté, Képhas Quasghett, directeur du Sanctuaire de Paris, actuellement au stade des finitions, parle de « luxe réinventé ».«Notre établissement apporte exactement au luxe, la même contribution visionnaire que des complexes comme les Thermes de Monaco ou le Normandie, à Deauville, lors de leur ouverture au XXe siècle », explique-t-il. Toujours en fonction et très selects, ces derniers ont été rénovés, pourtant s’empresse-t-il d’ajouter:«Ces endroits restent désuets en terme de conception et leurs capacités écologiques n’atteindront jamais la qualité et le rendement en équivalent carbone des Sanctuaires du Monde ». À la fois lieux d’anticipation, promettant la prévention de toutes formes d’extinction proches ou futures, et véritables arches de Noé, sources de nouveaux débouchés écologique, économique, touristique ou de création, ces «Sanctuaires du Monde » développent un modèle attrayant. Et pourtant leurs détracteurs, des associations familiales aux syndicats, ne manquent pas. Tout d’abord, ces réfractaires – autoproclamés – doutent des intentions altruistes des promoteurs des sanctuaires rebaptisés pour l’occasion AristoLand, et s’inquiètent des sources de financement. Ensuite, ils s’opposent farouchement au concept même de ces futurs «Zoos low cost » où le grand public n’aura accès qu’à une mince portion de ces univers tandis que les plus nantis baigneront dans un luxe trop insolent, le tout sous couvert de la protection de la biodiversité.
Mais déjà la mode est lancée… et le marché pourrait bien encore une fois imposer sa loi.
En préparation pour le numéro deux de la revue d’INflencia, j’ai deux articles en cours de rédaction.
Sortie prévue de la revue : aux alentours du 20 juin !
24/05/2012 : Articles validés, titres plus ou moins définitifs : Article #1 : Les Sanctuaires du Monde, la préservation est luxe Article #2 : Les objets du luxe