CONTENUS DÉDIÉS

HUMEUR | LA SCIENCE-FICTION, SOURCE D’INNOVATIONS | Le Monde

On le dit au Comptoir Prospectiviste depuis tellement longtemps qu’on n’a pas pu s’empêcher de relayer cet article !
Merci à Philippe Jacqué pour ce beau tour d’horizon !

Parut dans Le Monde : http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2018/03/02/la-science-fiction-nouveau-filon-des-entreprises-pour-imaginer-leur-futur_5264502_1656994.html#xtor=AL-32280270

Montgomery « Scotty » Scott (James Doohan) avec son Communicator dans la série télé « Star Trek ». DR / PROD DB / PARAMOUNT TV

La science-fiction, source d’innovations 

Les entreprises s’appuient sur le « design fiction », un concept né aux Etats-Unis, pour revoir leur stratégie, développer de nouveaux produits et préparer leurs collaborateurs aux changements

Qui se souvient du téléphonoscope, l’ancêtre du téléphone, du musicophone, l’ancêtre de la chaîne hi-fi, ou de la visioconférence, tous trois imaginés dans les années 1880 par le romancier français Albert Robida (1848-1926) ? Comment oublier Jules Verne (1828-1905) et ses visions du futur ? Dans De la Terre à la Lune, l’écrivain fait, dès 1865, rêver ses lecteurs avec l’homme dans l’espace ; dans Vingt mille lieues sous les mers, en 1869, il décrit l’exploitation offshore qui verra le jour plusieurs décennies plus tard.

Plus proche de nous, le « PADD » tactile du capitaine Spock dans la série télévisée Star Trek, diffusée au début des années 1960, rappelle la future tablette iPad d’Apple, qui a vu le jour en 2010. Et que dire du Communicator, un téléphone mobile à clapet, également vu dans Star Trek et conçu quelques décennies plus tard par Motorola, ou du fameux hoverboard de Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985), désormais dans les rues près de chez vous. Quant à 2001 : l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick), les interactions vocales avec Hal 9 000, l’intelligence artificielle du vaisseau, ont clairement inspiré les actuels assistants virtuels vocaux comme Siri (Apple) ou Alexa (Amazon). Et ce, dès 1968 !

Si la science-fiction (SF), sous toutes ses formes, a fait beaucoup rêver depuis près de deux siècles, elle a aussi largement inspiré les grandes organisations comme les entrepreneurs. En 1980, EDF avait publié Les Chroniques muxiennes, qui mettaient en scène la télématique (l’ancêtre d’Internet) au quotidien. Un certain Pierre Martin récupérait, par le biais d’un « télécran », une lettre de son fournisseur d’énergie, avant de lire son « téléjournal personnalisé en fonction de ses goûts, de sa formation, et de ses préférences politiques ».

Plus récemment, on retrouve les ferments de la culture SF chez Apple (et son fameux iPad), aux Etats-Unis, mais aussi en Chine. En 2016, rappelle le chercheur Thomas Michaud, le président de Huawei, Kevin Ho, a présenté sa vision futuriste où il serait possible à l’avenir de parler avec les morts, en s’appuyant sur des messageries instantanées. Comment ? En créant des copies numériques de n’importe quel individu, représenté, ensuite, par un avatar. M. Ho dit s’inspirer de la SF pour détecter les tendances futures du marché. Un autre groupe technologique chinois, Baidu, a, également lancé, en 2016, son plan « Jules Verne », qui doit permettre aux romanciers d’anticipation d’échanger avec des scientifiques, des universitaires et des spécialistes de l’intelligence artificielle.


Une mine d’or

Les agences spatiales américaine (NASA) et européenne (ESA) n’hésitent pas non plus à piocher dans le corpus de la SF pour préparer leurs futurs voyages vers la Lune ou vers Mars. La NASA a décortiqué la vaste production de romans et de films pour le design de ses fusées. L’ESA, elle, est allée chercher dans la littérature, les illustrations et les films de science-fiction, des idées pour aborder la vie, la livraison (qui a inspiré les vaisseaux-cargos) ou la « mode » (notamment les combinaisons) dans l’espace.

Au tournant des années 2000, le « design fiction » est né.Objectif de ce concept, inventé par des consultants et autres chercheurs : aider les dirigeants d’entreprise à se projeter dans l’avenir, à revoir leurs orientations stratégiques à moyen et à long terme et à préparer leurs collaborateurs à ces changements. Le tout en s’immergeant dans une réalité s’appuyant sur ce que dit la SF du futur.

C’est que la science-fiction est une mine d’or. Elle se nourrit à la fois du présent et des recherches scientifiques en cours pour proposer des interprétations, plausibles ou non, de l’avenir. « Quelques scènes fictionnelles peuvent résumer des problématiques complexes et générer une réflexion collective », explique Thomas Michaud dans son essai L’Innovation entre science et science-fiction (ISTE éditions, 2017).

« Depuis quelques années,des designers et des créatifs de la Côte ouest américaine développent le langage de la fiction réaliste pour aider leurs clients à mettre en question leurs propres fondamentaux, confirme Nicolas Minvielle, professeur à Audencia Business School, à Nantes, membre du collectif Making Tomorrow et coauteur de Jouer avec les futurs (Pearson, 2016). Ici, le design n’est plus une fin en soi, mais un outil efficace pour suspendre les jugements sur les futurs à venir et identifier de nouvelles façons de s’y projeter. »

Parmi ces artisans, on compte Ari Popper, le patron californien de SciFutures, une société de conseil installée à Boston (Massachusetts). « J’ai toujours adoré la science-fiction, confie au Monde cet ancien patron d’une société d’étude de marché. En 2011, j’ai pris un cours d’écriture et j’ai compris que la SF pouvait être un outil très puissant et très divertissant pour les entreprises, afin d’imaginer leur avenir. »

L’Américain a développé une méthodologie, le « prototypage science-fiction », et travaille avec sa demi-douzaine de consultants pour des clients tels que Visa, Pepsi, Ford, Colgate ou Samsung… En Europe, d’autres professionnels s’engagent sur cette voie, à l’image de Near Future Laboratory, du collectif Making Tomorrow ou de Design Friction.

« Nous travaillons à la fois avec les responsables de l’innovation, mais également avec les cadres du comité exécutif. Il s’agit de préparer la stratégie de changement tant interne qu’externe, précise Ari Popper. [Après avoir étudié en profondeur le secteur du client et fixer les objectifs de la recherche], je transmets notre brief à notre réseau de 200 auteurs de science-fiction. A eux de proposer des idées. Nous revenons ensuite vers nos clients pour les pousser à interagir avec ces idées en utilisant tout type de supports : film, BD, séries télévisées, nouvelles, réalité augmentée, etc. »

Cela permet d’immerger les cadres de l’entreprise concernée et de développer à la fois une vision stratégique, des produits ou des expériences. « Ce type de projets fondés sur une vision de l’avenir, inspiré de la SF, est un véritable catalyseur du changement, assure Ari Popper. Et notamment pour les cadres, qui réussissent à se projeter dans un futur possible. Pour Ford, nous avions travaillé, il y a plusieurs années, sur le véhicule autonome, en nous fondant sur des romans et des BD. Et cela a participé à la définition de leur vision pour ce service aujourd’hui. »

L’un des exemples publics les plus aboutis du design fiction appliqué à l’entreprise est la production par le Near Future Laboratory d’un catalogue commandé par Ikea (consultable en ligne). L’objet ressemble à n’importe quel catalogue du groupe suédois. Sauf qu’il propose non pas des objets mais des expériences et des services, comme ce sofa Nostalgi, qui s’adapte au tempérament de ses utilisateurs… Pour la salle de bains, le shampoing Liv, autorégénérant, s’achète à vie pour un abonnement de 9,90 euros par mois. De même, un tapis mousse naturel est proposé à 6,99 euros le mètre carré. Enfin, pour la cuisine, Folklig est à la fois un meuble comptoir, mais aussi une aide pour la cuisine… Le tout pour 1 295 euros.


« Provoquer un débat »

« La limite du projet Ikea, estime M. Minvielle, est que ses concepteurs avaient d’emblée décidé d’annoncer la couleur, que ce catalogue était une fiction. Or, l’intérêt du design fiction est d’immerger dans une réalité plausible des acteurs et de voir comment ils réagissent, ce qu’ils en retiennent et ce qui les gêne. Le design fiction doit provoquer un débat. »

Pour nourrir les imaginaires qu’il présente à ses clients, Making Tomorrow pioche dans un corpus de vidéos de centaines de films de SF où il isole des usages, des objets ou des interactions entre hommes et robots. Il confectionne ensuite des scénarios spécifiques proposés à la réflexion pour certaines entreprises.

Jeanne Glorian, de la direction Innovation de Bouygues Immobilier, s’est engagée dans ce processus, afin « d’immerger une quarantaine de cadres pendant deux jours en 2040. A la fin de l’immersion, un faux comité des investissements devait se prononcer sur les services ou les nouvelles activités proposées ». « Notre objectif était de sortir la tête du guidon et de prendre un peu de hauteur sur l’avenir des métiers de la promotion immobilière, poursuit-elle. Les cadres ont été baignés dans des imaginaires du futur issus de la SF et ont produit et maquetté des nouvelles offres. Un des groupes de réflexion a fini par proposer des “cocons-habitats”, qui seraient remis à chaque citoyen qui naît. Ce cocon peut se déplacer et s’attacher à des bâtiments existants, selon l’âge de la personne, sa situation familiale et l’expérience qu’elle désire vivre. On s’est rendu compte qu’un projet assez similaire d’immeuble modulaire avait déjà été imaginé par un designer en Chine… »

Dans certains contextes, l’utilisation du design fiction peut provoquer de nombreuses réactions. M. Minvielle rapporte une récente expérience menée dans une entreprise autour de l’intelligence artificielle. « Une fausse discussion entre l’ordinateur Watson d’IBM et un client a été diffusée aux salariés d’une plate-forme téléphonique. Cela a eu un très grand retentissement. Les salariés ont compris que leur poste était, à moyen terme, en danger. Cela a changé complètement l’état d’esprit au sein de la société et ces salariés ont pu dire quel était l’avenir préférable qu’il voulait construire. » Avec l’immersion dans le futur, ces projections sont bien plus tangibles qu’avec un simple rapport de prospective…

Philippe Jacqué



Pour s’y retrouver parmi les thèmes de la SF : http://www.prospectiviste.fr/2017/05/arborescence-simplifiee-des-themes-de.html

PARTICIPATION | 22 FEVRIER 2018 : SORTIE DU LIVRE “LES TRANSHUMANISTES” PAR FLORENCE PINAUD &ELODIE PERROTIN AUX EDITIONS DU RICOCHET



Florence Pinaud a interviewé Olivier en août 2016 pour la rédaction de cet ouvrage. Nous sommes heureux d’en annoncer la sortie prochaine : le 22 février 2018.

Au sommaire des “TRANSHUMANISTES”, premier titre de POCQQ, la nouvelle collection des éditions du Ricochet :

La vie éternelle ? 
Cure de jouvence Bâtisseurs de corps Chirurgie génétique Prothèses intelligentes Pour l’éternité

Gens géniaux, drôles de gens ? 
Les transhumanistes… leur galaxie
La hippie touch
Singulière singularité
Aux USA… et en Europe
Nébuleuse
Les bioconservateurs
Nous sommes les chimpanzés du futur Le mot des philosophes

Fantasme ? Révolution ? Ou cauchemar ? Corps « updatés »
Gènes corrigés
Clônes ou pas clônes ?
Banques d’organes
Des loisirs NBIC
Des innovations pour l’armée Trop d’humains sur Terre
Se lancer dans le débat !

POCQQ
une nouvelle collection ados
aux editions  du Ricochet 

Où va le climat ?
Qui sont les transhumanistes ? Les féministes ? Les footballeurs ?…

Le silence est d’argent mais la parole est d’or
Le monde change et – pour l’instant – l’Homme reste l’Homme.

Face aux enjeux profonds des choix de société, il est important de s’interroger et de débattre en sachant ce que nous dit l’actualité. La vraie actualité, celle qui, loin de l’anecdote, nous raconte où en sont ceux qui la font.

Qui sont les transhumanistes ? Où va le climat ?
Qui sont les féministes ? Les footballeurs ?
Les hackers ?
Nos auteurs sont allés au fond de ces sujets qui leur tiennent à cœur. Ils nous les restituent en allant à l’essentiel avec la distance qui permet à chacun de se faire son opinion.

Le ton est alerte, l’illustration ponctue la lecture avec humour et vigueur. Un texte fluide et facile à lire court sur une centaine de pages. Des encadrés s’arrêtent sur les points techniques. Quelques aiguillages permettent d’aller piocher dans la littérature, le cinéma, la BD, la musique… des points de vue imaginatifs.

Alors, place à des conversations passionnantes et animées ! 5 titres en 2018 et pour suivre 3 par an.

PUBLICATION | FH MAGAZINE #0


L es débuts d’année sont propices aux bonnes résolutions. C’est connu. Pas la peine d’être grand… prospectiviste pour annoncer cela. Le problème avec les bonnes résolutions… c’est qu’on ne les tient pas ! Alors, à l’aube – bien entamée – de cette nouvelle année, le Comptoir Prospectiviste vous invite à une expérience – et on fera tout pour qu’elle dure – étonnante : le transfert sur support papier des textes produits par les prospectivistes du Comptoir et ceux que vous avez pu consulter sur FuturHebdo. C’est d’ailleurs cette signature autour de laquelle s’est organisée la construction du premier numéro de ce magazine. 
Il s’appelle FH Magazine. Il est beau. Il est riche de contributions multiples dont certains d’entre vous pourraient reconnaître les origines. Car FuturHebdo, et donc FH Magazine, n’existe que grâce à vous ! Grâce à vos entreprises, grâce à vos institutions qui ont fait confiance au Comptoir Prospectiviste et qui, par effet de ricochet, nourrissent les contenus de FuturHebdo.
Le passage du digital vers le print, le Comptoir n’est pas le premier à le faire. Alors qu’il y a dix ans, personne n’aurait parié sur la survie de la presse écrite, elle se porte finalement bien. Sa santé n’est pas au mieux… mais, elle est moins préoccupante qu’on aurait pu le penser. L’univers de la presse écrite ou magazine est surtout en pleine mutation pour prendre en compte l’évolution du marché et les nouvelles habitudes des lecteurs qui font naître nombre de titres au public extrêmement ciblé et étroit. Étonnant ? Non, malin ! 

Et puis, en ces temps de la consommation reine, où la nouveauté est poussée à la désuétude par la nouveauté, FH Magazine ne paraîtra que deux fois par an. Alors, gardez-le, consultez-le, potassez-le… à notre sens, il en vaut la peine ! Bonne lecture et, vous aussi, tenez vos bonnes résolutions !
PS : Pour ce premier numéro, le tirage est modeste. Donc, peu d’entre vous l’auront physiquement entre les mains… Mais vous pouvez néanmoins profiter de ce premier numéro en pdf et epub ! Liens le fichier PDF>>> (12,3 Mo) et le fichier EPUB>>> (61,5 Mo). 
Bonne lecture et rendez-vous tout début juillet pour le numéro 2 de FH Magazine. À emporter en vacances ! 

PUBLICATION | OCEAN ARCTIQUE 2020-2050 : NOUVELLES ROUTES MARTIMES ET CHANGEMENT DE DONNE GEOPOLITIQUE | GEAB DU LEAP


Olivier Parent a rédigé un article d’anticipation géopolitique pour le bulletin www.GEAB.eu (Global Europe Anticipation Bulletin, sur abonnement) du www.LEAP.eu (Laboratoire Européen d’Anticipation Politique) :



Pour faire de l’anticipation, il ne faut pas hésiter à être cynique. Si un nouvel état de fait apparaît, émerge, il ne faut pas hésiter à l’analyser, à tenter d’en extraire un avantage inattendu, tout politiquement incorrecte soit-il !

Si on applique cette posture à une analyse de l’avenir des océans, on ne peut s’empêcher de porter son regard vers le Nord de notre planète. En effet, une des conséquences les plus évidentes des dérèglements climatiques que scientifiques et observateurs ne cessent de constater, pourrait bien se dérouler dans l’océan arctique, avec le recul incessant de la banquise qui, bientôt libérera des voies navigables sur des périodes de plus en plus longues… voire, tout au long de l’année. Et ce, “pour le plus grand bien de la planète” : les routes passant par le nord sont environ un tiers plus courtes que les routes maritimes habituelles !




LE TEMPS DES AVENTURIERS

Historiquement, on distingue deux voies : le passage Nord-Ouest, qui trace une route, au milieu des îles du Grand-Nord canadien, reliant l’Atlantique Nord au Pacifique. L’autre voie est le passage Nord-Est qui relie lui aussi l’océan Atlantique au Pacifique mais, cette fois, en longeant les côtes de l’extrême nord de la Russie.

Jusqu’à il y a peu, ces deux itinéraires représentaient surtout une valeur plutôt  historique que maritime car ils ne demeuraient navigables que quelques courtes semaines au cours de l’année. Il n’est pas inutile de rappeler que ces contrées ont été les territoires d’aventures humaines folles, dès les temps des grands navigateurs. Sur leurs beaux navires à voiles, aucunement équipés pour les conditions climatiques extrêmes qu’ils rencontrèrent, n’ayant parfois pour carte que des légendes, ils cherchèrent obstinément, dès le XVIème siècle, une route Nord qui éviterait de contourner par l’extrême sud les continents africains et américains. Depuis, les canaux de Suez et de Panama ont été ouverts, mais les utilisateurs des voies maritimes cherchent toujours les passages les plus courts.

Ainsi, les passages Nord-Ouest et Nord-Est, sur le papier, permettraient de raccourcir substantiellement les trajets. Et, qui dit itinéraires plus courts, dit gain de temps, et donc d’argent ! Par l’itinéraire Nord-Ouest, d’ouest en est, via le détroit de Béring, le canal de Parry et le détroit de Davis, le gain est d’environ 7700 km par rapport à l’itinéraire courant qui passe par le canal de Panama. Et, ce sont près de 9700 km qui sont gagnés en passant par le passage Nord-Est, distance gagnée sur l’itinéraire qui, lui, emprunte le canal de Suez. Donc, pas la peine d’être capitaine au long court pour voir l’avantage à passer par l’océan Arctique…

Ces routes font désormais école : si au cours du vingtième siècle, on ne comptait en moyenne qu’un bateau par an à s’aventurer dans ces eaux réputées dangereuses, depuis une dizaine d’années, ce sont près de 100 navires qui ont raccourcis leurs trajets par le nord. Baromètre de la navigabilité de ces eaux : désormais des navires de croisière s’aventurent, eux aussi, dans le passage Nord-Ouest, plus alléchant pour le croisiériste que le passage Nord-Est, avec toutes ces îles et îlots qui jalonnent la route.

Mais, tant que la banquise maintiendra sa main de glace sur l’océan Arctique, ces deux routes garderont un enjeu stratégique. On le voit bien avec le passage Nord-Ouest : pour le Canada, l’itinéraire est dans ses eaux territoriales, alors que pour d’autres pays comme les Etats Unis d’Amériques — soutenus par le droit international — les eaux qu’emprunte la route sont internationales… Sûrement un héritage de la guerre froide quand les sous-marins soviétiques et américains jouaient à cache-cache sous la banquise.

Le contexte dressé, on peut désormais commencer à se projeter dans l’avenir. Et, pour bien faire la bascule dans une autre géo-stratégie, on peut désormais considérer la planète non plus au travers de l’habituel planisphère euro-centré, mais en la regardant depuis le pôle Nord, d’un point de vue “arcto-centré” : c’est ainsi que les proportions de cette région reprennent leurs justes mesures. Il suffit de faire tourner la carte sur elle-même pour regarder la situation depuis l’Europe, la Russie ou l’Amérique…
En tentant de faire une anticipation de l’évolution de la situation maritime de l’océan arctique, il faut distinguer trois temps, trois périodes, chacune un peu plus dans l’avenir que la précédente.


La suite : www.geab.eu


CHRONIQUE | CE QUE “BLACK MIRROR (SAISON 4)” NOUS DIT SUR DEMAIN

Les autres chroniques de FuturHebdo “Cinéma et Prospective” :

 Blade Runner 2048

              Valerian                    2075, les temps changent          Life : Origine Inconnue

 

Ghost in the shell                        Morgane                      Hardcore Henry

  

Divergente 3                          Star Wars 7                       Seul sur Mars
  

LES ENTRETIENS DE FUTURHEBDO #03 : RIEL MILLER, RESPONSABLES DES LABORATOIRES DE CONNAISSANCE EN LITTERATIE DU FUTUR -— UNESCO

Toujours dans le renouvellement de l’exploration du présent, à la lumière d’avenirs multiples, FuturHebdo propose une série d’interviews de personnalités qui, chacune dans leur domaine, sont à la jonction de la société du savoir, de la recherche, et du grand public. Chacune de ses personnalités nous propose sa vision de la place des sciences dans nos sociétés modernes, de la vulgarisation, de la prospective, cette interrogation du présent par le futur…

Tous les interviews seront construits selon la même structure afin de permettre une lecture comparée de ces interviews, entre eux, d’en faire une lecture synoptique.
Aujourd’hui : Riel Miller, Responsable des Laboratoires de Connaissances en Littératie du Futur — UNESCO



Olivier Parent (FuturHebdo) : Bonjour, Pouvez vous nous dire où nous sommes et vous présenter en quelques mots ? Quelles sont vos activités dans les domaines des sciences, de la recherche, de l’éducation ?


Riel Miller (UNESCO) : Moi, je m’occupe principalement de fabriquer des processus pour réflechir, pour imaginer l’avenir dans les domaines des sciences, des technologies… mais également dans tout autres domaines tels que le social, la gouvernance… Moi, je suis quelqu’un qui travaille principalement dans le “comment faire, comment penser le futur”. On est à l’UNESCO, au siège de UNESCO. Moi je travaille dans le secteur qui s’appelle sciences humaines et sociales, qui est une des 5 unités — éducation, science, culture et informations — qui sont les 5 secteurs de UNESCO.


OP : A votre sens la relation entre le savoir érudit scientifique et le savoir populaire est elle en train d’évoluer ?

RM : Absolument, je pense qu’on est principalement à un moment dans l‘histoire humaine où notre rapport aux connaissances et au savoir est en train de changer. Côté production et création, et côté utilisation et demandes. Ça veut dire qu’on est en train d’assister à une refondation de notre rapport avec la réalité qui passe à travers nos réflexions et nos connaissances. On est une espèce qui a ce filtre, que sont nos idées, et qui structure notre façon d’être et tout ça pour des raisons scientifiques mais aussi pour des raisons liées à notre capacité d’emmener nos outils, qui sont en symbiose avec les humains depuis toujours, vers une autre plaine d’opportunités…

LES ENTRETIENS DE FUTURHEBDO #02 : GILLES BABINET

Toujours dans le renouvellement de l’exploration du présent, à la lumière d’avenirs multiples, FuturHebdo propose une série d’interviews de personnalités qui, chacune dans leur domaine, sont à la jonction de la société du savoir, de la recherche, et du grand public. Chacune de ses personnalités nous propose sa vision de la place des sciences dans nos sociétés modernes, de la vulgarisation, de la prospective, cette interrogation du présent par le futur…

Tous les interviews seront construits selon la même structure afin de permettre une lecture comparée de ces interviews, entre eux, d’en faire une lecture synoptique.
Aujoud’hui : Gilles Babinet, Digital Champion de la France auprès de l’UE
Olivier Parent (FuturHebdo) : Bonjour, Pouvez vous nous dire où nous sommes et vous présenter en quelques mots ? Quelles sont vos activités dans les domaines des sciences ?
Gille Babinet : C’est un sujet qui me passionne depuis toujours car c’est au cœur de la révolution… le capital humain, et donc je m’intéresse à la foi à ce que sont les pédagogies pour le jeune âge, l’école primaire en particulier et en même temps à l’enseignement supérieure et les formations professionnelles. Et, d’une façon plus générale : comment est ce qu’on apprend à innover, comment on apprend travailler dans des logiques de rupture car c’est passionnant. 
Donc dans ce cadre, j’ai plusieurs activités : je suis au conseil d’administration d’une start up qui fait des mooks. Je suis très impliqué dans l’institut Montaigne. On vient de publier un rapport sur l’enseignement supérieur et numérique, et puis c’est un sujet que j’aborde dans mes livres et conférences.

PUBLICATION : CHRISTIAN GATARD DANS INFLUENCIA

Le côté obscur de l’entertainment
« Il suffirait d’une seule fois dans ma vie d’être prudent, patient et… c’est tout ! Il suffirait, une seule fois, d’avoir du caractère et, en une heure, je peux changer toute ma destinée… » (*) L’alexis de Dostoïevski n’eut pas cette force face à la roulette, et l’obsession ludique l’aspira sur les rives de la folie, comme nos obscurs divertissements happent hors de la réalité.
Le divertissement a son dark side. Notre époque est postmoderne, post-vérité, post tout. Pourquoi pas post-éthique ? Nous recherchons légitimement, voire innocemment, à nous divertir… or, ce divertissement révèle son côté obscur, et cela n’est pas une exclusivité de notre époque, bien qu’on en fasse un maximum dans le glauque et le sordide. Ce qui est en cause : la norme, la doxa, les paradoxes, la créativité et l’(in)humanité.
Une courbe s’accentue : la recherche de sensations de plus en plus fortes, la quête de jouissance, de plaisir du corps, de vertige de l’esprit. Roger Caillois avait proposé le concept d’ylinx (**) (du grec, « tourbillon d’eau »), les jeux de vertige. Dans un monde au bord de l’abîme, la fascination du manège, du tournis, de la voltige… incarne la soif de se sentir exister. Une sorte d’urgence avant l’apocalypse ? Une ivresse qui atténue les peurs ?

LES ENTRETIENS DE FUTURHEBDO #01 : JACQUES ARNOULD, EXPERT ETHIQUE DU CNES

Toujours dans le renouvellement de l’exploration du présent, à la lumière d’avenirs multiples, FuturHebdo propose une série d’interviews de personnalités qui, chacune dans leur domaine, sont à la jonction de la société du savoir, de la recherche, et du grand public. Chacune de ses personnalités nous propose sa vision de la place des sciences dans nos sociétés modernes, de la vulgarisation, de la prospective, cette interrogation du présent par le futur…
Tous les interviews seront construits selon la même structure afin de permettre une lecture comparée de ces interviews, entre eux, d’en faire une lecture synoptique.

Aujourd’hui : Jacques Arnould, Expert éthique au CNES

Olivier Parent (FuturHebdo) : Bonjour, pouvez-vous nous dire en quelques mots quelles sont vos activités dans le domaine des sciences, de la recherche ?

Jacques Arnould (CNES) : Nous sommes au centre national d’études spatial, du moins au siège du CNES à Paris, aux halles. Donc comme son nom l’indique, c’est l’agence spatiale française, qui est chargée à la fois d’élaborer des programmes spatiaux français, de les proposer au gouvernement, et puis, ensuite, de les mettre en œuvre avec nos différents partenaires, qu’ils soient scientifiques, industriels, voir économiques… Tout ca dans un cadre dont nous sommes aussi le garant ; un cadre juridique particulier, qui est d’autant plus important que, justement, lorsqu’apparaissent de nouvelles activités spatiales, il s’agit de voir comment elles s’intègrent dans ce cadre dont nous sommes aussi responsables, à l’égard du gouvernement et de la société française.

Au sein de cette structure, j’ai la chance d’occuper à un poste plutôt original : depuis une quinzaines d’années, la direction du CNES a créé un poste de chargé de mission sur les questions éthiques. 
Il y a 15 ans, l’éthique en France, on connaissait déjà puisque, auparavant, avait été créé un comité national d’éthique. Mais celui-ci était dédié, et l’est toujours, aux sciences de la vie, donc à ce qui nous concerne tous, le plus directement possible : la biologie et la médecine…
L’éthique commençait aussi être à connue au sein d’applications professionnelles : le journalisme, l’économie, l’ingénieur, les techniques de l’ingénieur… Le spatial, je ne dis pas qu’il échappait à l’éthique, mais n’était pas le premier sujet auquel on pensait. Sauf pour les gens du spatial qui se sont dit, au début des années 2000 : “Mais, pourquoi l’éthique ne nous concernerait-elle pas nous aussi ?” Mais dans quels termes ? Et toute ma mission, depuis 15 ans, a été, est toujours de se dire, c’est quoi au fond l’éthique ?

La suite sur FutuHebdo : ICI

PUBLICATION : DEMAIN, QUELLES REGLES DU JEU ? PROSPECTIVE DES DIVERTISSEMENTS

Un article collectif du Comptoir Prospectiviste, avec les idées de Christian Gatard (et surtout sa plume…), de Jean-Jacques Vicensini et d’Olivier Parent, pour INfluencia. A lire aussi sur www.futurhebdo.fr

L’hypothèse est ici que le divertissement n’aura bientôt plus pour fonction d’échapper au monde mais d’y participer. De le reconstruire. Il sera le moteur des mutations en cours : éthiques, psychologiques et technologiques.
Retour en arrière
Les civilisations antiques et médiévales, nos racines, partageaient (déjà, comme aujourd’hui) deux conceptions divergentes du divertissement.

D’un côté, le bon divertissement, l’oisiveté dynamique
Elle était considérée comme une vertu positive dans la mesure où son but, sa vertu, était de permettre de mieux travailler. Dans une société travailleuse, y compris au plus haut niveau de l’état, il fallait nécessairement s’accorder des moments de détente, une certaine oisiveté (l’otium de Cicéron). Christine de Pizan raconte  en 1404 dans Le Livre des fais et bonnes meurs du sage Roy Charles V comment ce dernier se levait à 5h, travaillait de 6 à 11 puis se permettait une saine oisiveté c’est-à-dire de retrouver quelques théologiens discuter de la Genèse dans son royal jardin. Trop cool.
ll y avait donc une morale du divertissement.
Bref, se divertir pour mieux travailler. Gloire du travail.

De l’autre, le mauvais divertissement, l’oisiveté diabolique
On connait l’antienne :  l’oisiveté est la mère de tous les vices et le travail le père de toutes les vertus. Caton l’Ancien disait : « en rien faisant on apprend à mal faire » et Hésiode en rajoute :  « le travail est la sentinelle de la vertu ».
Dans les traditions populaires allemandes, italiennes, scandinaves, on appelle l’oisiveté l’oreiller du diable : si on occupe son cerveau et son corps on évite de sombrer dans les péchés capitaux.
Le divertissement selon Pascal s’inscrit dans cette perspective : l’homme se protège du désespoir et de l’appel du divin dans le jeu social sous toutes ses formes. Le divertissement selon Debord, également, pour qui nous ne sommes que des pantins manipulés que le spectacle de la consommation abrutit.

En somme se divertir est un danger existentiel. Nouvelle donne.