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(…) Dans ce monde de mutations, comme le qualifie Christian Gatard, conseiller en prospective mais aussi écrivain et essayiste, certains cherchent quand même à se bricoler une vie, se réinventer un futur fiable. « Ce qui peut les y aider est la relecture des textes anciens. Les grands archétypes vont leur permettre de mieux comprendre où ils vont. Et le vin dans ce drôle d’ univers qui se dessine a son rôle à jouer. Il faut alors se replonger dans sa symbolique culturelle. Si le vin est si important, c’est parce qu’il est le révélateur des secrets de la nature. Il fut le vin des initiés, celui qui procure une ivresse mystique. La grande scène fondatrice du vin est la Cène. Il existe d’ailleurs toute une série de Cène contemporaines, revisitées par de multiples artistes, parfois avec beaucoup de provocation. Mais peu importe. Ceci montre qu’autour de la symbolique du vin, il y a la volonté de rétablir la paix. Après le déluge, que fait Noé ? il plante une vigne. Dans la mythologie égyptienne, Hathor devient la déesse de l’amour après que Thot lui ait apporté la lumière à travers une coupe de vin. Le vin est donc, ces exemples le prouvent, au cœur d’une symbolique de réconciliation ». Dans ce monde de mutations, est élevée également au rang de valeur, la transparence. Certes, elle peut être positive, pour lutter par exemple, contre les contrefaçons. « Mais elle ne peut être la clef de tout », souligne Christian Gatard. « A trop vouloir montrer, le contrôle n’est pas loin et à tout vouloir montrer, on finit par ne plus rien voir ». Et là encore, le vin pourrait jouer les trouble-fête dans un monde qui se voudrait le meilleur d’entre tous. « Fort de l’imaginaire qu’il véhicule, celui-ci a une formidable capacité d’être un produit animé, éveillé, d’alerte. Et surtout, il est incertain. Et c’est dans cette incertitude que les hommes vont redécouvrir le frisson du vivant, se replonger dans leurs mythes fondateurs, assister aux retrouvailles de l’alchimie et de la matière, en revenir à un vin spectacle où le côté spectaculaire s’exprime dans cette relation entre le cépage et la nature. Ce qui pourrait amener les hommes à se révolter contre cette tyrannie de la transparence. Le vin devant être avant tout une expérience hédonique. Nous devrions revenir à une nouvelle façon de boire et de manger, en privilégiant le « whaouhhh effect », c’est à dire se besoin de ressentir les choses, de les palper avec le plus d’intensité possible. Sans doute faut-il s’attendre dans les vingt ans qui viennent, à une recherche de plus en plus poussée du plaisir et de la jouissance avec la volonté d’aller au bout de ses sensations » (…)
Le succès de ces concepts, estime le sociologue de la consommation Christian Gatard, « témoigne des difficultés grandissantes d’anticiper les évolutions d’une société qui, depuis les années 1990, s’est considérablement fragmentée et devient, par conséquent, toujours plus difficile à lire ; » Les catégories socioprofessionnelles (CSP) semblent des outils de moins en moins pertinents pour alimenter des analyses fines. Les « générations » se structurent autour des usages numériques. Reste qu’invoquer la figure tutélaire des « millennials », des « digital natives » ou de la « génération Y », tous nés entre 1980 et 2000, n’offre pas une grille d’analyse beaucoup plus satisfaisante.
Selon Christian Gatard, les sociostyles, « ces personnages de la société du spectacle », sont le fruit à la fois des affinités et de ce qu’il désigne comme « l’allégeance rebelle ». Sous ce terme, le sociologue évoque la propension de l’individu à souscrire aux grandes valeurs dominantes collectives (la démocratie, la protection de l’environnement) tout en faisant, dans sa vie personnelle, la part belle au politiquement incorrect, y compris dans ses modes de consommation. Une sorte de schizophrénie socialement tolérée mais qui brouille les cartes lorsqu’il s’agit d’anticiper les comportements de consommation(…)
Que sont-ils devenus ? Leurs inventions sont-elles des innovations de ruptures ? Leurs inventions ont-elles passé le capte de l’industrialisation et de la commercialisation ?
Si vous connaissez d’autres de ces exemples, merci de laisser un commentaire !
Dimanche 23 avril, diffusion, sur Espace 2 de la RTS, d’un documentaire de David Christoffel, réalisé par Patrick Lenoir : Histoires de la prise de tête. Une production du LABO (David Collin).
Christian et Olivier ont prêté leurs voix à ce documentaire, avec Carlos Parada (auteur de Toucher le cerveau, changer l’esprit aux PUF), Jocelyn Vinchon (gamer), Anne-Christine Taylor (chercheuse CNRS en anthropologie), Nicolas Horvath (pianiste), Elisabeth Chamontin (collectionneuse d’images de décervelage).
Question :Olivier, tu as participé avec tes amis des Mardis du Luxembourg à l’ouvrage collectif : Chroniques de l’intimité connectée, qui se présente comme un recueil de nouvelles. Ton récit, Assurance crapuleuse, nous propulse en 2066, où les tueurs à gage sont devenus des effaceurs … Olivier : Pour écrire Assurances Crapuleuses, une de mes nouvelles parue dans le dernier livre du think tank des Mardis du Luxembourg, j’ai créé un personnage, Tommy Maréchal. De nos jours, il aurait été tueur à gage. Dans l’avenir dans lequel se déroule la nouvelle, il est « effaceur ». Plus hacker hautement nuisible que sociopathe sans empathie pour ses semblables qu’il « dessoude » froidement, les missions richement rémunérés de ce personnage consistent à effacer l’identité numérique des personnes qui lui sont anonymement désignées comme cibles. Or, dans une société totalement dématérialisée, l’effacement numérique pourrait bien s’avérer être un acte aussi violent qu’une mort physique … repoussant les pauvres hères privés de leurs précieux sésames digitaux, vers les bidonvilles en bordures des mégapoles, non-lieux dont l’existence n’est surtout pas reconnue par les autorités, au risque d’admettre la fragilité du système …
Question : Si l’on se projette dans un avenir moins lointain, on s’aperçoit que notre existence commence à se dématérialiser, comme de simples contenus informatiques, et que nous sommes à la merci des hackers … Olivier : Revenus dans notre présent, la dématérialisation est un état de fait, bien que toujours en voie de déploiement. Les institutions, autant que les entreprises, incitent les administrés, aussi bien que les clients, à se servir des services en ligne pour accomplir un nombre de tâches toujours plus grand. Aux oubliés d’Internet – en 2016, ils étaient près de 6 millions de français à ne pas avoir accès à la « toile », qu’ils soient en situation de précarité ou tout simplement peu sensibles à ces usages, comme les seniors – à ces naufragés involontaires, donc, ne restent, au mieux, que la corvée du serveur vocal … au pire, l’obligation d’obtenir l’accès à un ordinateur afin d’accomplir les démarches qu’ils auraient pu effectuer auprès de l’antique guichet désormais dématérialisé. C’est exactement ce qu’il se passe pour l’obtention de la vignette « Crit’Air », sésame à coller sur son pare-brise dès le 15 janvier, pour pouvoir rouler dans Paris sans risquer des contrôles anti-pollution intempestifs – en attendant l’inéluctable verbalisation – et dont la procédure d’obtention se fait exclusivement sur Internet … Et si ce n’était que cela …
Cette nouvelle heure d’entretien avec José sera l’occasion de reparler de la prospective et de sa place en tant qu’outil pédagogique ainsi que de vulgarisation. Ce moment sera aussi un rappelle citoyen : Explorer les choix de notre présent, tous décisifs pour un futur durable !